De la Petite Côte au Pays Bassari
À seulement 5 heures et quelques d’avion de Paris, le Sénégal offre aux voyageurs un dépaysement total. Pays de musique et de poésie, il est aussi l’un des derniers pays sûrs d’une Afrique en proie à bien des malheurs. Avec ses villes transpirantes, ses deltas et ses mangroves, ses savanes infinies et ses forêts impénétrables, il définit l’un des territoires les plus variés d’Afrique de l’Ouest. Au Sénégal, pas de gros décalage horaire, pas de problème de langue pour les francophones, le pays du poète-président Léopold Sedar Senghor s’enracine dans une tradition d’échange et d’accueil C’est un Sénégal 100% africain qu’on vous propose de découvrir, loin des idées toutes faites et des usines à bronzer qui jalonnent le littoral. Un Sénégal vivant et chaleureux qui, de la Petite Côte au Fouta Djalon en passant par le Siné Saloum, le parc animalier du Niokolo Koba et le pays bédik, réserve encore bien des surprises aux amateurs de grands espaces. C'est la partie du Sénégal qui aimante le plus de touristes. Plage, plage et plage. Pas forcément les plus belles (et encore !), mais les plus aménagées, à quelques kilomètres de Dakar. Autrefois, les Français avaient établi une base dans le village de Portugal (Portudal) qui, en 1984, devint le complexe touristique de Saly. C'est aujourd'hui la station balnéaire la plus célèbre du Sénégal. Plus sympathique et plus tranquille aussi, la ville de Mbour, l'un des ports de pêche artisanale les plus actifs du pays. Puis, les villages avoisinants (Toubab Dialaw, Warang, la Somone) où les Dakarois aisés (Français, Sénégalais) possèdent des villas. Certains villages perchés sur les collines, semblent d’être coupé du monde.
Mbour, de l’Autre Côté de la Plage…
Pour les amateurs d’Afrique, la Petite Côte commence véritablement à Mbour, dans cette ville cosmopolite où se côtoient Mandingues, Peuls, Diolas et Sérères, les principales ethnies de la région. Une ville grouillante d’activité, faite de relents de gazole et d’odeurs de poisson fumé, de maillots de foot à l’enseigne des magnas de l’électronique et de poussière de latérite. Une vraie ville africaine en somme, avec ses gares routières, ses gargotes à trois francs six sous et son port, véritable monument à la gloire de l’humain et de la débrouille. Rien à voir avec la vie aseptisée qu’on mène à Saly. Ici, l’océan transforme les retours de pêche en criées, en marchés débordant de victuailles, en fumeries artisanales. Un melting-pot de saveurs de couleurs et d’odeurs, véritable Babel noire sur fond d’entrepôts salés par les embruns et de ruelles.
• Kaolack et les Marabouts de l’arachide : Port en pleine terre sur les rives du Saloum, Kaolack est depuis l’époque coloniale une plaque tournante du commerce de l’arachide et du sel. Située à la croisée des axes nord-sud (Saint-Louis-Gambie) et ouest-est (Dakar-frontière malienne), c’est la ville marchande par excellence, avec un marché haut en couleurs et une trame urbaine ponctuée de petites échoppes. C’est peut-être à Kaolack que l’on comprend le mieux l’influence des confréries religieuses dans la vie de tous les jours. Dans le quartier de Médina Baye se dresse l’une des plus grandes mosquées du Sénégal. Chaque année, à l’occasion du Mawloud, ce sont des centaines de milliers d’adeptes de la confrérie Niassène qui déboulent en ville. Créé par Ibrahima Niass un érudit local qui traitait avec Nasser, Ben Bellah
• Le Siné-Saloum, terre et sel : Pays de terre et de sel, où l’eau s’immisce parmi les arbres, pays de Senghor… Le Siné-Saloum est le royaume de la pirogue et du pêcheur à l’épervier (technique du lancer du filet). Un territoire labyrinthique de petites îles couvertes de palétuviers, de cours d’eau qui lambinent et de langues de sable. Ce pays de pêcheurs-paysans, dont le nom provient de la confluence de deux fleuves, le Siné et le Saloum, a engendré deux des plus importants royaumes du Sénégal. Découvert par l’infatigable navigateur portugais Cadamosto au XVe s, le Siné-Saloum a été épargné par l’histoire, en raison de son isolement jusqu’à la période coloniale. Un pays quasi vierge donc. Désormais classé patrimoine mondial par l’Unesco, il offre l’occasion de tutoyer l’Afrique dans ce qu’elle offre d'édifiant.
Niokolo Koba, la Vie Sauvage
Situé dans la partie orientale du Sénégal, le Parc du Niokolo Koba, avec près d’un million d’hectares, est l’une des plus grandes réserves animalières d’Afrique de l’Ouest. Cependant, rien à voir avec les parcs ténors d’Afrique de l’Est ou d’Afrique Australe. Ici, le dernier éléphant a été aperçu il y a une vingtaine d’années. Pour autant, le Niokolo mérite le détour à bien des égards. La jungle y règne encore en maître. C’est le refuge d’un tas de bestioles : singes de tout poil, antilopes rares (hippotragues, cobes de Buffon, éland de Derby), sans oublier une myriade d’oiseaux, tous plus colorés les uns que les autres. Le Niokolo, c’est aussi un fleuve : la Gambie. Un cours d’eau nonchalant en période d’étiage, qui gonfle comme une éponge mouillée pendant l’hivernage de juin à septembre (la saison des pluies multiplie son débit par 100).
• Le Far-Est sénégalais : Entre Tambacounda et Kédougou, quelques kilomètres après le fleuve Gambie, la route traverse un étrange pays. De prime abord, rien ne semble le différencier de la savane de bois sec qui couvre cette partie du Sénégal. Pourtant, cette région, qui faisait partie du puissant empire du Wagadou au Xe s, est l’une des terres les plus aurifères du pays. Alors, depuis que la crise économique mondiale a fait grimper les cours du métal jaune, les fils des paysans du coin ont chopé la fièvre. Tomboronkoto est devenu en quelques années le spot préféré des fêlés du métal jaune. Du coup, les orpailleurs se sont mis à creuser tant et tant qu’aujourd’hui le village est une mine à ciel ouvert ! On gratte, on passe au crible, on tamise … Tout ça pour se payer un smartphone ou une « jakarta » (2 roues Indonésie).
• Rando en pays bédik : Nous sommes à la frontière de la Guinée, à l’extrémité de la nationale qui mène à Kédougou, en lisière du château d’eau d’Afrique de l’Ouest : le Fouta Djalon. Ici, le Sénégal se conjugue en forêts impénétrables, en chaos rocheux et en éboulis. Dans la brousse se cachent encore les esprits des ancêtres : il faut être respectueux, leur accorder grâce, ne pas sortir du chemin… Dans ce paysage rêche, de souches et d’herbes folles grillées par le soleil, il existe un pays : celui des Bédik, une ethnie héritière des chasseurs-cueilleurs du néolithique. Leur société est encore fortement ancrée dans sa tradition animiste. Chaque retour des pluies est marqué par des rites hauts en couleurs, qui font appel à des masques sortis de la nuit des temps. C’est dans ce « pays dogon » que le randonneur trouvera le bon sentier.